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LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE. - PÊCHE EN SEINE-ET-MARNE proposée par André MARINI

Même en période de fermeture de l’espèce, ce poisson mythique occupe nos esprits.

Lorsqu’on le pêche on essaie de le prendre.

Lorsqu’il est fermé, on pense à l’ouverture.

En fait, au bord de l’eau ou en rêve, on pêche le brochet toute l’année.

LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

Le brochet européen tient son nom de sa forme : il était cuit à la broche.

Lors de la classification des espèces en 1758 par le naturaliste suédois Carl Von Linné, le brochet entre dans la famille des ésocidés sous le son nom scientifique d’Esox Lucius.

MORPHOLOGIE

Ses nageoires, situées très en arrière du long corps fuselé, en font une torpille capable de se propulser de son affût à une vitesse fulgurante pouvant atteindre 1,2 m/s au démarrage et 13 m/s en pointe.

Mais cette façon de chasser le fatigue vite et l’oblige à des « sprints" de courte distance.

Pas question de poursuivre sa proie comme la perche ou le sandre. S'il manque, il reprend son poste.

LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

La tête se termine par un crâne et un museau aplatis comparés à un bec de canard à l’origine de ses noms régionaux.

VISION

Les yeux, situés vers le sommet du crâne lui donnent une vision binoculaire excellente vers le haut et vers l'avant mais nulle vers le bas. Son angle de vision est de 70 degrés..

Par voie de conséquence, sa vue est monoculaire sur le côté donc mauvaise.

Par contre, l’examen de ses yeux indique qu’il perçoit très nettement les couleurs par la mise en évidence de cônes et de bâtonnets sur la rétine.

MACHOIRE

LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

La mâchoire inférieure est prognathe.

La bouche, armée de 700 dents implantées sur les mâchoires puissantes, la voûte et le plancher de la gueule, lui permet d’avaler n’importe quelle proie plus petite que lui, même si celle-ci est faite de fourrure, de plumes ou d’écailles.

Ce poisson est réputé pour une relative maladresse qui lui fait parfois manquer sa proie et l’on compense souvent par du rouge s’il s’agit d’un leurre ou d’un poisson brillant et coloré s’il s’agit d’un vif.

ODORAT

Deux narines, situées en haut du bec devant les yeux et reliées entre elles, transmettent des signaux au cerveau par des capteurs sensitifs, surtout par eau froide.

CAPTEURS

37 pores sensitifs situés sur la tête et sous la mâchoire inférieure sont des capteurs avancés de ceux de la ligne latérale donnant une perception très fine des vibrations.

Ces organes fonctionnent comme de véritables échosondeurs, permettant de localiser un autre poisson sans le voir.

En laboratoire ,un brochet ayant perdu ses facultés visuelles peut se nourrir.
Dès lors, il n'est pas étonnant que la vibration de certains leurres déclenche son attaque…ou sa fuite.

VESSIE NATATOIRE

Elle s’ étire au long de la colonne vertébrale et, comme pour tous les poissons, elle rend le brochet particulièrement sensible aux variations de pression pouvant s’exercer sur la masse liquide incompressible.

L’ART DU CAMOUFLAGE.

LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

La couleur gris-vert en zigzags au travers du corps et le réseau complexe de taches le long des flancs sont accentués dans l’eau claire.

Les teintes changent en fonction de la couleur de l’eau.

Cet habit de camouflage lui permet de se fondre dans son milieu naturel et de saisir sans trop d’effort les proies qui s’approchent, non pas parce qu’il est nonchalant mais parce qu’il économise ses calories.

Ceci est d’autant plus sensible que l’eau se refroidit ou que la période de reproduction approche nécessitant des réserves pour affronter le jeûne de la fraie.

REGIME ALIMENTAIRE ET CROISSANCE

Le brochet est un poisson carnassier qui se place en fin d'une chaîne alimentaire.

Au début de son existence, le brocheton est exclusivement planctonivore.

Au-delà de 3 cm, il est entomophage et se nourrit de petites larves d’insectes.

A partir de 6cm, il devient ichtyophage et se nourrit d’alevins y compris de ses congénères.

Un brocheton, dans sa première année, prélève une moyenne de 15 à 17% de son poids sur le zooplancton, et seulement 10 à 12% si sa nourriture se compose exclusivement de petits poissons.

Dans sa deuxième année, il se nourrit de 10% de son poids de larves aquatiques et de 3 à 5% de poissons.

A l’âge de deux ans, il acquiert sa maturité sexuelle.

Un an plus tard, il aura atteint une taille d’environ cinquante-cinq centimètres mais sa croissance dépendra de la quantité de poissons fourrage présents dans son milieu ainsi que de la température de l’eau.

Les eaux froides sont moins propices à son développement.

Ensuite, les périodes de nourrissage au cours desquelles il peut absorber des proies atteignant le tiers de son propre poids, sont entrecoupées de plusieurs jours de jeûne. On est donc bien loin du prédateur insatiable.

Dans des conditions moyennes, un brochet gagne 1 kg de poids en absorbant 4 à 6 kg de poisson fourrage.

TABLEAU DE MONA.

Ce tableau qui permet de déterminer très approximativement le poids d’un brochet en fonction de sa taille a été établi grâce à la compilation de données statistiques.

Si, a priori, il n'a qu'une importance relative, moi je lui trouve un grand intérêt.

Lorsque je prends un brochet, peu m'importe son poids à quelques dizaines de grammes près. Il suffit donc de le mesurer et de le remettre à l'eau sans lui infliger l'épisode de la pesée. Le tableau de Mona me permet de déterminer son poids.

Long.

(en cm)

Poids

(en Kg)

Long.

(en cm)

Poids

(en Kg)

Long.

(en cm)

Poids

(en Kg)

Long

(en cm)

Poids

(en Kg)

50

1,2

71

3,1

100

9

121

15,7

53

1,3

73

3,4

104

9,8

124

16,7

56

1,5

76

3,8

106

10,5

127

18

58

1,7

78

4,2

109

11,2

129

18,8

60

1,9

81

4,6

111

11,8

132

19,9

63

2

83

5

114

12,9

134

21

66

2,4

86

5,5

117

13,7

137

22,3

68

2,8

88

6

119

14,6

140

23,6

 

REPRODUCTION

La reproduction des brochets commence lorsque la température de l'eau se situe entre 9 et 11°C.

Les mâles convergent les premiers vers les lieux de frai suivis des femelles et les quittent en dernier.

Les géniteurs remontent jusque dans les fossés remplis d'eau, ou recherchent les parties les moins profondes d'une pièce d'eau.

Les femelles peuvent pondre plusieurs centaines de milliers d'œufs en fonction de leur poids, déposés à faible profondeur, accrochés aux branches et plantes aquatiques, ce qui les rend très vulnérables aux changements de niveau.

Les œufs sont alors  fécondés par plusieurs mâles. 

Les zones de reproduction se caractérisent toutes par des eaux calmes, claires, oxygénées, peu profondes et riches en supports de ponte.

Les conditions de réussite du frai sont liées à la stabilité des caractéristiques des frayères ainsi qu’à la température de l’eau qui doit être entre 9 degrés et 11 degrés.

Si l’un de ces facteurs change pendant la fraie, celle-ci peut s’arrêter, voire échouer.

LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

L'éclosion a lieu 15 à 20 jours plus tard.

La larve demeure attachée à la végétation en position verticale puis, lors de la mutation en brocheton elle prend une position horizontale.

Le jeune poisson se met aussitôt en quête de nourriture: phytoplancton au début, puis petites larves, puis alevins y compris les congénères par cannibalisme.

LE BROCHET, UN MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

Par contre, ce que l'on ignore souvent, c'est que la température de l'eau est un facteur intermédiaire.

Les rayons solaires ne pénètrent que jusqu’à une certaine profondeur, c’est pourquoi le phytoplancton est abondant surtout dans les eaux de surface où il reçoit suffisamment de lumière pour réaliser la photosynthèse.

 

Cette zone est la couche euphotique. 

 

Le plancton végétal est particulièrement foisonnant  dans les faibles hauteurs d’eau  où la lumière se diffuse pleinement. 

La boucle est ainsi bouclée.

A la fin de l’hiver, les zones peu profondes se réchauffent plus rapidement et se chargent de matière organique provenant de la décomposition des végétaux lorsqu'elles atteignent une dizaine de degrés.

La saveur particulière que prend l'eau à ce moment est identifiée par le brochet et déclenche la migration vers les frayères, là où se trouveront réunies les conditions d'éclosion des oeufs et de nourrissage des larves.

LE BROCHET: MAILLON INDISPENSABLE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE.

Voici un excellent texte écrit par nos amis de Carnavenir et que je reproduis  en citant la source.

http://www.carnavenir.com/Lebrochet.htm

Pour bien saisir le mécanisme de la chaîne alimentaire biologique, et voir que le brochet en constitue un maillon indispensable, prenons l'exemple du gardon et de la perche, qui dans les plans d'eau où les trois espèces cohabitent, constituent de 60 à 80% de la nourriture du brochet.
Les données moyennes sont les suivantes :
- brochet : frai en février-mars, pouvoir de reproduction relativement faible, cannibalisme, grand carnassier.
- perche : frai en mars-avril, fort pouvoir de reproduction, cannibalisme, petit carnassier.
- gardon : frai en mai-juin, très fort pouvoir de reproduction, non carnassier.

Il apparaît clairement que l'échelonnement des périodes de frai permet aux jeunes brochets de limiter la densité des alevins de perches dont la surdensité constituerait un danger pour la population en gardons naissant après eux. Par contre, ces derniers sont eux-mêmes efficacement limités par les perches, sinon, leur excès entraînerait une inéluctable dégradation du biotope dans sa capacité biogénique.
Par ailleurs, on note l'accroissement du pouvoir de reproduction des espèces placées en situation de proie et le cannibalisme qui intervient comme un ultime moyen d'autorégulation, bien qu'il ne soit pas suffisant pour empêcher radicalement un peuplement pléthorique conduisant à un nanisme de l'espèce.

A propos de ce poisson, il convient de s'en tenir à une observation objective et de se garder des idées reçues et des interprétations anthropomorphiques et moralistes.
Tout cela étant entendu et admis, comment est-il possible de continuer à voir dans le brochet un ravageur qu'il faut détruire avec acharnement pour qu'il ne fasse pas disparaître les autres espèces, alors qu'il joue un rôle déterminant dans leur survie ?
Il convient de garder à l'esprit le fait que le brochet est le principal agent de la sélection naturelle qui permet aux souches spécifiques de demeurer saines et vigoureuses, puisqu'il ne parvient à attraper, la plupart du temps, que les sujets les moins aptes, les poissons malades ou blessés, les parasités.

Tag(s) : #Faune halieutique d'ici ou d'ailleurs

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