Le flotteur est bien évidemment l'un des éléments les plus importants à prendre en compte lors du montage d'une ligne pour pêcher à la coulée.
Beaucoup d'éléments sont à considérer pour son choix :
1) Le type de poisson recherché ou espéré:
C'est une évidence. Si l'on a la chance de toucher du gros gardon ou de la brème, les touches seront plus nettes voire plus brutales que si l'on pêche l'ablette ou le petit
gardon.
2) La profondeur et la vitesse du courant:
Pour être rapidement pêchante, l'esche doit arriver le plus rapidement possible au fond et la portance du flotteur déterminera la plombée qui entrainera le bas de
ligne vers le fond. Si le courant est soutenu une ligne dite "légère" aura déjà beaucoup dérivé avant que le flotteur ne quille.
3) La luminosité ambiante:
J'ai déjà présenté ma méthode d'antenne interchangeable mais il est évident que par temps sombre ou en fin de journée, pour pouvoir répondre rapidement, l'antenne doit
permettre de détecter le moindre frémissement qui précède la touche. Je pense que nous tous pareils: Nous anticipons bien plus qu'il n'y parait....Encore faut-il pouvoir le faire grâce à
l'antenne qui doit être parfaitement visible.
4) Les conditions météorologiques :
Essentiellement le vent mais aussi, parfois, la pluie.
Le vent est souvent notre principal ennemi, surtout s'il souffle dans le sens du courant. Aussi surprenant que celà puisse paraître, une petite brise qui
retient la plume est souvent un atout mais un vent "établi" , comme disent les marins, qui souffle assez fort pour géner le lancer puis pour pousser la ligne en surface dans le sens du courant
est la pire des choses. D'abord parce que le lancer devient parfois une prouesse puis, surtout, parce que la ligne poussée en surface fait dériver l'esche au fond à une vitesse anormale. C'est
sans doute un élément que l'on ne prend pas en compte, en tous cas, pas suffisamment.
Grâce à tous ses organes de perception, le poisson ressent parfaitement la force du courant et une esche qui dérive trop vite éveille inévitablement sa méfiance. De
plus, l'esche ne se présente pas en premier.
Dans ce cas, il faut retenir pendant toute la coulée et si la canne est relativement lourde, le soir...c'est la crampe assurée
5) La distance à laquelle on pêche et notre acuité visuelle:
Ceci se passe presque de commentaire. Une antenne très fine ou qui dépasse très peu de la surface ne révèle la touche que lorsqu'elle a totalement disparue. La ferrée
intervient souvent trop tard.... A moins que l'on ait la chance d'avoir une vue perçante.
7) L'esche utilisée.
Elle va parfois de pair avec le poisson recherché.
Si l'on pêche au maïs, voire au blé ou au lombric, la portance du flotteur peut être nettement plus importante que si l'on pêche au chènevis ou à
l'asticot.
LES TYPES DE MODELES QUE J'UTILISE SELON LES CONDITIONS DE PECHE :
1) Les plus sensibles, souvent utilisées en eaux dormantes ou avec un léger courant. Leur faible portance
nécessite une plombée légère (de 0,40 g à 0, 80 g)
Soit du type TESSE, du nom de Robert Tesse, plusieurs fois Champion du monde, avec corps en balsa, de forme effilée et dont l'antenne repose sur une partie supérieure aplatie.
Soit toujours avec un corps en balsa, de forme cylindrique effilée et sans antenne.
2) Les plumes dont le corps est en forme de poire. La portance augmente avec la taille du corps.
Elles se caractérisent par une antenne fine, un corps en forme de poire offrant peu de résistance à l' enfoncement malgré une bonne stabilité et une
longue tige métallique qui, en alourdissant la partie immergée, procure des touches prononcées. Elles sont parfois signées "Jean DESQUE" qui en a prouvé l'
efficacité.
En fonction de la taille de leur corps allant de "la goutte d'eau" à "la poire trapue" elles s'adaptent à une pêche en courant lent, moyen ou soutenu.
L'oeillet est fixé sur la partie haute du corps, permettant des retenues sans que la plume ne remonte dans l'eau.
Elles supportent des plombées allant de 0, 60 g à 2,50 g et sont particulièrement sensibles lorsqu'elles sont bien équilibrées. Par contre, leur antenne
fine demande de bonnes condtions de luminosité et une bonne vue.
C'est, personnellement, les modèles que j'utilise le plus souvent dans des conditions météorologiques bonnes ou moyennes. Au-delà, je ne vois pas suffisamment
l'antenne pour anticiper.
3) Proches des précédentes, voici les plumes dont le corps est également en forme de poire mais dont l'antenne, nettement plus conséquente permet de mieux voir les touches. La
tige est en bois et augmente la portance du
fait d'une flottabilité plus importante que les précédentes.
J'utilise de plus en plus ce type de modèle à moyenne ou longue distance pour des raisons
évidentes de visibilité de l'antenne, tout en sachant pertinemment que ce ne sont pas les plus sensibles.
Corps trapu,tige en bois et antenne de plus gros diamètre que les précédentes, elle sont très visibles, malheureurement au détriment de leur sensibilité, à mon
goût.
4) Les plumes spécifiques:
La plume aérodynamique :
Son corps en forme de goutte d'eau inversée permet une excellente pénétration dans l'air pour être lancée à longue distance avec une
canne bolognaise.
La plume à corps plat :
La forme ronde et plate du corps de ce flotteur permet de pêcher dans des courants moyens à soutenus parce qu'il offre peu de
résistance au courant.
Les oeillets pour le passage du fil sont placés sur le côté du disque. Ainsi, lorsque l'on retient le montage, l'antenne se
place verticalement mais le corps reste stable dans l'eau.
Ce flotteur a connu une grande vogue bien qu'il soit un peu délaissé maintenant, surtout du fait de sa fragilité et de son
coût.
Il n'en demeure pas moins très adapté à la pêche avec une esche qui traîne sur le fond.
5) La plume type "water queen" est encore très utilisée pour sa portance.
Personnellement, elle ne retient pas mes faveurs sauf si on la modifie un peu en collant une bague sur la partie plate destinée à recevoir une antenne
interchangeable comme je l'ai montré avec le "starlite" par exemple.
A l'origine et telle que je vous la présente ci-dessous, le diamètre assez important de la partie supérieure du corps provoque un ménisque qui la retient au
moment de la touche.
Chacun connait le principe du ménisque : Lorsqu'un corps est plongé dans un fluide, sa circonférence retient le liquide. Nous nous rappelons tous de cette
expérience enfantine qui consiste à remplir un verre d'eau à ras bords: En se penchant, on voit le liquide dépasser le bord du verre parce qu'il est retenu.
Pour une plume, cette résistance, négligeable pour un humain, est suffisante pour qu'un poisson dont on connait la sensibilité, recrache aussitôt l'esche et
le ferrage intervient souvent dans le vide.
Principe du ménisque : A droite, la surface de l'eau semble dépasser le bord du verre, le liquide étant retenu par la matière. Pour une
plume à circonférence supérieure importante, l'effet est le même et résiste au moment de l'enfoncement.
6) Mais je ne peux pas terminer cet article sans vous présenter mon flotteur fétiche que j'utilise à courte distance, en bateau, pour pêcher "à la
graîne" (Au chènevis, bien entendu).
Son corps cylindrique et ses deux extrémités en forme de cône supportent une plombée d'environ 1 gramme. En action de pêche, les retenues sont très
douces et la forme cylindrique permet de reprendre la coulée sans le léger trésaillement d'un flotteur à antenne.
Tenu par deux bagues, on peut l'inverser et avoir une partie immergée rouge ou blanche selon les conditions de visibilité. Pour être très
efficace, il doit être parfaitement équilibré et couler à la moindre traction. Pour la pêche à la graine, les touches sont spectaculaires et il n'est pas rare que le flotteur plonge
brutalement 10 ou 15 centimètres sous l'eau.
EN CONCLUSION : Quel que soit le flotteur utilisé selon les conditions de pêche, le premier gage de réussite consiste à obtenir un équilibrage parfait et, à cette
occasion, je rendrai une nouvelle fois hommage à mon maître, Monsieur Michel DUBORGEL qui me disait, lorsqu' adolescent, je jouais déjà dans la cour des grands:
"SI TA LIGNE EST BIEN EQUILIBREE, UNE CENDREE DOIT LA FAIRE
COULER !"
Entendez par là que, pour tester une ligne, il suffit d'ajouter une cendrée, un plomb sphérique de 12, donc le plomb de la plus petite taille à l'époque où l'on
n'utilisait pas encore les olivettes pour que la plume s'enfonce. Il est bien loin ce temps !