Jouer les apprentis sorciers peut coûter très cher mais aussi rapporter gros.

Préambule :

Cet article est très long et m'a demandé des semaines de tâtonnements et de recherches.

Je vous retransmets le compte-rendu de cette expérience réalisée en milieu naturel en rivière et qui m'a valu une belle bourriche de gardons et de goujons avec, comme esche, un simple asticot.

Si vous le lisez jusqu'au bout, soit vous aurez du mérite, soit vous serez animés d'une curiosité que j'aime et qui justifie ce site.

L'eau est particulièrement froide et le poisson quelque peu léthargique alors il peut venir une idée saugrenue !

Réchauffer l'eau avec un produit qui, mélangé à l'amorce, produira une réaction chimique avec dégagement de chaleur .

Même si, a priori, cela parait saugrenu, cela ne coûte rien d'essayer !

A CONDITION

1- Que le produit utilisé ne présente aucun danger pour le milieu naturel

2- Que l'utilisation de ce produit ne fasse pas courir un risque de brûlure ou d'explosion à l'utilisateur.

Nous avons tous connu le carbure que les braconniers mettaient dans des bouteilles à système avec de l'eau et attendaient la réaction avec une épuisette pour récolter les poissons choqués par l'explosion du contenant.

Peut-être, parmi vous, certains l'ont-ils aussi pratiqué ? Bande de bracos !

En tout cas, c'est loin d'être sans danger et plus d'un y a laissé sa peau !

De plus, le dégagement d'acétylène rendait le coup de pêche mort pour longtemps !

"Un kilogramme de carbure de calcium nécessite la décomposition de 500 grammes d'eau et fournit 350 l d'acétylène et 1 100 grammes de chaux hydratée, tandis qu'il se dégage 430 kcal, quantité de chaleur considérable, qui entraînerait la polymérisation de l'acétylène si elle n'était en grande partie dissipée."

Attention, la liste qui suit est une simple INFORMATION.

Toute utilisation en milieu naturel présente un risque de pollution et, pour certains, un grand danger pour l'utilisateur

LISTE DES PRODUITS QUI REAGISSENT AU CONTACT DE L'EAU

• le brome, les bromates, les isocyanurates chlorés, les chlorates, les chromates, les bichromates, les hydroperoxydes, les hypochlorites, les peroxydes inorganiques, les peroxydes de cétones, les nitrates, l'acide nitrique, les nitrites, les perborates, les perchlorates, l'acide perchlorique, les periodates, les permanganates, les peroxydes, les peroxyacides, les persulfates

Bien sûr, il y a la chaux vive que l'on peut manipuler sans danger mais la chaux est corrosive donc inadaptée au milieu naturel.

Bien sûr, j'ai pensé au sodium que l'on faisait courir sur l'eau d'un verre lorsque j'étais potache mais c'est dangereux car le sodium s'enflamme au contact de l'eau.

La flamme du sodium est jaune, le fameux doublet; pour obtenir du violet/mauve il faut du potassium, tout aussi dangereux.

Je pense évidemment au calcium, si recherché mais la réaction exothermique produit, certes beaucoup de chaleur mais l'oxyde de calcium qui devient CaO réagit avec l'eau pour donner "Hydroxyde calcique" entrainant l’alcalinisation du milieu,

Donc, j'élimine également.

Je suis sur le point d'abandonner quand un cours de chimie me revient en mémoire ! Une réaction à l'eau sans dégagement gazeux ! J'ai trouvé ce qu'il me fallait et si mon prof de l'époque est encore en vie, je l'embrasse même à 130 ans et avec le Covid !

Ma réflexion est la suivante ; Un sulfate du sodium réagit avec l'eau sous forme exothermique (Production de chaleur) mais sans résidu dangereux donc sans porter atteinte à la faune aquatique et au milieu dans lequel il vit.

Il s'agit du "sel de GLAUBER" ou "sulfate de sodium hydraté" qui se présente sous forme de cristaux blancs. (Formule : NA2SO4,10H2O) .

Expérience

Lorsqu'on chauffe ce sel à une temperature supérieure à 32.4°C  l'eau contenue dans ce sel commence à se séparer de ce dernier. Si l'on réalise cette expérience dans un tube à essai la "poudre" reste au fond et l'eau commence à apparaitre au dessus.

A l'aide d'un filtre il est facile de séparer les deux produits obtenus. Puis après avoir attendu que ces deux produits reviennent à température ambiante (20°C), si on les re-melange, il se produit un dégagement de chaleur dans les quelques secondes qui suivent. Ce dégagement de chaleur est égal  à celui apporté pour séparer les produits.

Comment ? Et puis quoi encore ? Vous voulez la preuve que le sel de Glauber est sans danger et utilisé pour les bains ?

Oh bah vous alors, vous ne manquez pas d'air !

Bon, je m'exécute mais c'est bien parce que c'est vous !

Mais reste le point difficile : Où trouver du sel de Glauber ?

Ben là, tout simplement et vous ne serez pas ruiné !

Donc, en résumé:

Chauffer le sel de Glauber à plus de 30 degrés

Passer le mélange et ne garder que la poudre

Mélanger à de l'amorce sèche. Je dis bien SECHE sinon la réaction exothermique, certes sans danger, se produira pendant le transport.

Sur place, bien mélanger, mouiller sans excès et jeter des boules à l'eau mais pas toutes dans la même coulée.

Merci posthume à Monsieur Bozone, qu'en argot de normalien de Versailles nous appelions le Boz,  pour m'avoir enseigné ceci et bien d'autre choses.  Vache mais réglo !