Cette opération est de loin la plus importante car elle conditionne les parties de pêche à cette esche.
Puisque j'ai eu la chance de convaincre plusieurs de mes confrères durant les deux mois écoulés, autant que j'insiste sur la seule étape qui les gêne encore : LA CUISSON !
Un grain trop ou pas assez cuit, c'est la prise de tête pendant la partie de pêche, soit parce que le grain trop cuit tient mal, soit parce que l'on ne parvient pas à glisser l'hameçon et à faire sortir le germe d'un grain insuffisamment cuit.
Pour être sûr de ne pas louper son coup, avec du grain pré-trempé ou non, voici comment l'on peut s'y prendre sans risque.
Faire cuire à feu vif.
Dès que la chair blanche apparaît sur plusieurs grains, en vider une partie dans la passoire et remettre le reste sur le feu.
Pendant ce temps, on rince à l'eau froide le grain contenu dans la passoire.
Mais une partie continue à cuire.
Attendre, cette fois que les premiers germes apparaissent avant de mélanger ce reste avec la première cuisson puis rincer à nouveau à l'eau froide.
En procédant ainsi, il n'y a pas de risque de louper son coup puisque l'on a plusieurs stades de cuisson.
Pour les perfectionnistes, vous pouvez même procéder en trois ou quatre stades et mélanger le tout.
Vider ensuite l'ensemble du grain dans un pot à couvercle et recouvrir d'eau froide pour que les germes continuent à sortir pendant que l'on se rend au bord de l'eau.
Et, surtout, n'utiliser que du grain frais à chaque partie.
Une petite anecdote en passant...
Jeune pêcheur, je me croyais largement confirmé et, possédant une superbe barque de pêche à Vaires-sur-Marne, je m'en donnais à coeur joie. Il y avait des jours avec et des jours sans.
Par une belle journée d'été je faisais une partie de pêche avec du grain de la veille, donc cuit l'avant-veille. Pas une touche pendant l' après-midi !
Bah, ce n' était pas le jour !
Sur le soir, arrive un vieux pêcheur dont les fiches étaient proches des miennes. Nous échangeons un amical bonsoir et les formules habituelles.
-" Ils sont de bonne humeur ? "
-" Pas aujourd'hui, je n'ai pas vu une touche ! "
-" Bah tant pis, on prendra un bol d'air ! "
Il prépare sa ligne, jette les deux volées habituelles, prend le fond, met un grain et commence à pêcher.
Première coulée, une touche, un gardon !
-"Bah il y en avait un ! "
Deuxième coulée, une touche, un autre gardon !
Là, je me gratte la tête mais mon agréable voisin avait déjà compris (Pas moi !) et il me demande quand j'avais fait cuire ma graîne.
L'avant-veille ai-je répondu.
Il a placé une bonne poignée de grains dans un chiffon noué aux quatre coins puis m'a envoyé le tout que j'ai attrapé au vol.
Une coulée de plus alors que j'en avais tant fait dans l'après-midi ! Une touche, un gardon.
Je me croyais déjà largement confirmé mais si je l'étais, c'était avec le gardon du Lot où personne ne pêchait au chènevis, pas celui de la Marne !
Croyez-moi, je n'ai jamais oublié cette leçon !