Au cours d'articles précédents, je vous ai présenté deux de mes méthodes de pêche au vif ainsi que le matériel et les montages correspondants.
La première, classique, consiste à pratiquer la pêche au sandre, du bord, à fond, en essayant de réduire tout ce qui étant susceptible d'éveiller la méfiance de ce poisson,
m'a permis de réussir quelques bonnes prise au cours de cette année difficile.
La deuxième concerne la pêche au bouchon, du bord, recherchant en priorité le brochet dont on peut simplement retenir qu'elle a comme particularité de soigner tous les
éléments du montage pour limiter, voire pour éliminer, les "manqués".
Toutefois, dans ma pratique, ces deux modes de pêche ont en commun d'être, le plus souvent, associés à la pêche à la coulée donc d'être statiques:
Je pêche à la coulée et je place deux cannes en aval.
Ce que je vous présente aujourd'hui se pratique à une seule canne et a l'avantage d'être une pêche active, recherchant le poisson et ne comptant pas, comme
précédemment, sur l'amorçage du petit poisson pour attirer le prédateur. Cette méthode s'inspire de la "tirette" et peut s'avérer particulièrement efficace pour le sandre, la perche ou le
brochet selon les montages.
S'agissant d'une pêche itinérante, notre confort oblige à limiter le matériel et à ménager les vifs.
MATERIEL DE BASE :
1) Une canne télescopique de 5 mètres de longueur, très
rigide de pointe parce que l'on va "tirer" sur le fil en ayant le moins possible de
"flêche". J'entends par là qu'au moment des tirées, le scion ne doit pas plier ou presque pas.
2) Un moulinet classique garni de 25 centièmes ( 5 Kg de résistance, il y a de quoi voir venir ).
3) Un seau à vifs avec bulleur contenant, si possible, des vifs de tailles différentes.
4) La partie pêchante prémontée.
5) Le nécessaire de réparation dans la poche : Une pince, une paire de ciseaux, une plombée, un ou deux hameçons de rechange avec leur agrafe, quelques noeuds
barils et des bas de ligne ( Crinelle et fluoro-carbone ou nylon simple de 22, 25 et 30 centièmes pour le cas où, pendant votre parcours, vous surprendriez une chasse de gros brochet ).
Pour moi, c'est tout mais si votre confort est prioritaire, vous pouvez prendre un porte-canne pour ne pas fatiguer vos petits bras et une
épuisette. Moi, je n'en ai jamais et à deux rares exceptions près, je me suis toujours débrouillé !
Canne télescopique de 5 mètres à pointe très rigide.
Comme il m'arrive de changer de méthode de pêche en cours de partie et que vous connaissez maintenant mon faible pour les moulinets dont la bobine se déclipse par
pression sur le bouton avant, je me munis de bobines interchangeables garnies de 25 centièmes, 30 centièmes et de tresse. Le montage est si simple que changer la bobine, repasser le fil dans
les anneaux et faire le noeud pour le bas de ligne ne prend qu'une minute.
PARTIE PECHANTE :
1) Une olive de 80 grammes et même 100
grammes pour qu'elle reste en place au moment des tirées du pêcheur.
Le trou est très aggrandi pour qu'il y ait peu de frottement, sans oublier une
précaution essentielle : Après avoir aggrandi le trou, limer et polir pour qu'une "barbe" de plomb ne vienne pas entailler le fil. Il suffit, après polissage, de passer le doigt sur toutes
les parties pour sentir l'aspérité qui risque de tout gâcher.
2) Un amortisseur en caoutchouc qui aura aussi l'avantage de vous permettre d'élargir vraiment le trou de la plombée sans risquer de retrouver celle-ci contre
l'hameçon.
3) Un noeud baril N° 2.
4) L'hameçon : Je lui réserve une place privilégiée parce que c'est la seule particularité de ce montage.
Hameçon double, dont la hampe très longue est percée d'un trou à son extrémité qui permet de l'agrafer
sans avoir à démonter quoi que ce soit lorsque l'on met le vif. J'ai utilisé ces hameçons il y a bien longtemps puis, ensuite, impossible de s'en procurer dans le commerce. J'avais une
réserve mais je me serais bien gardé d'en préconiser l'emploi puisqu'ils étaient quasiment introuvables.
Je les vois maintenant refleurir dans les rayons.... C'est le moment !
Voici maintenant, sous forme de croquis, la totalité de la ligne montée et prête à être utilisée :
ACTION DE PECHE :
1) Les vifs:
S'agissant d'une pêche itinérante et, qui plus est, dynamique, les vifs doivent être particulièment ménagés.
- Ne les piquez pas mais faites passer la hampe de l'hameçon par la gueule pour ressortir délicatement pas les ouies. Vos poissonnets resteront en bonne
forme même lorsqu'en prospectant un poste vous les aurez ramenés par tirées successives.
-Lorsque vous changerez de poste pour en prospecter un autre, dégrafer l'hameçon et sortez-le de la gueule du poisson avant de replacer celui-ci dans votre
vivier.
- N'oubliez pas qu'un carnassier attrape le vif comme il peut puis l'engame tête en avant. Rentrez donc bien l'hameçon de façon à ce que les pointes dépassent de la bouche. Sinon c'est le "loupé assuré" !
Ben évidemment ! Qu'est-ce qu'il croit, lui ?
2) Les postes :
Ne changez pas de poste avant
plusieurs prospections. Un brochet, une perche ou un sandre n'attaqueront pas forcément tout de suite.
Les meilleurs postes se situent forcément à proximité d'un obstacle et grâce à l'action de pêche que je vais préconiser ensuite, ils ne vous sont
pas interdits... sans toutefois ne pas courir un petit risque que l'on contrôle bien avec un minimum d'expérience.
3) La tirette :
Ne laissez à votre vif que la longueur de fil qui vous semble appropriée au poste. Pour celà, avant
de mettre à l'eau, sortez la longueur de fil nécessaire puis coincez-le sous l'ergot qui se trouve sur la bobine puis rembobinez. C'est fait pour ça...
et pas seulement pour éviter de trouver le nylon en perruque lorsqu'on range le matériel... N'oubliez pas que l'on se rend peu compte de la longueur de fil sorti de la bobine lorsqu'il est dans
l'eau alors que sur terre, avant l'action de pêche, on l'évalue parfaitement.
Maintenant, au travail !
Laissez descendre doucement le plomb
au bout de votre canne jusqu'à ce qu'il touche le fond. Ne lancez pas !
Libérez le fil pour laisser le vif partir où il veut. De toutes façons,
il ne pourra pas aller plus loin que la distance que vous aurez autorisée grâce à l'ergot de la bobine. Quand le fil "autorisé" est sorti, ramenez votre vif à la main par tirées successives jusqu'à ce que vous sentiez que le noeud baril touche le plomb. A ce moment laissez repartir et ainsi de suite.
Si votre vif arrête de prendre du fil avant la longueur définie, commencez à le ramener. C'est peut-être parce qu'il a trouvé un obstacle dans lesquel
vous ne lui laisserez ainsi pas le temps de s'accrocher.
Toute l'astuce mais aussi l'efficacité de cette pêche réside dans l'obligation, pour votre
poissonnet, d'être toujours en mouvement et, à chaque "tirette", le fait qu'il soit tenu par l'ouie le déséquilibre et lui donne ainsi l'allure d'un poisson en difficulté qui devient
une proie facile pour le prédateur. De plus, puisque vous ne le laissez pas s'arrêter, il ne peut pas s'accrocher au fond et s'il cherche à remonter vers la surface, chaque tirée le ramènera de
plus en plus vers le fond. Vous explorerez ainsi toutes les couches d'eau.
Soyez très discrets lorsque vous changez de poste ! Si un brochet est en planque, il y a de fortes
chances pour que ce soit près du bord.
Il ne me reste qu'à conseiller ce mode de pêche à mes amis qui se disent ou se croient débutants. Peu de matériel est nécessaire pour pratiquer,
les montages sont on ne peut plus simples, la pêche n'est pas statique et .... quand ça veut rire !
Pratiquée en bateau avec une canne nettement plus courte et moins plombée orientée dans le sens du courant ? Je n'ose même pas vous dire quelles
pêches j'ai pu faire ! Mais de la rive, ça marche tout de même assez bien.
Didier, tu te reconnaîtras ! Je n'ai rien oublié de ce que tu m'as appris aux Andelys ! C'est donc à toi que
revient légitimement cet article puisque tu nous fais l'honneur (Mais oui, l'honneur, mon Ami ! ) de nous lire.