Je ne sais pas comment celà se passe pour vous mais pour moi, en ce moment, prendre des gardons de taille respectable pour être eschés relève presque de l'exploit.
Dans ces cas-là, je me résouds à pêcher l'ablette et à l' utiliser pour rechercher le sandre ou la perche, en espérant que sieur Esox ne s'y intéressera pas parce que mon nylon de 20 centièmes ne résiterait pas longtemps aux milliers de dents qui tapissent sa gueule impressionnante.
Encore que ! La semaine dernière, j'en ai pris deux sur du fluorocarbone de ce diamètre. S'agissant de poissons que l'on peut ne pas brider puisque j'ai de l'espace, j'ai pu les maîtriser sans casse mais il ne faut pas y revenir tous les jours.
Si avant-hier, jeudi, j'ai, presque par miracle, pris deux ou trois gardons qui m'ont permis d'escher une de mes cannes à flotteur et de prendre un modeste brochet de 58 centimètres, hier, vendredi, rien à faire !
Ne soyons tout de même pas trop gourmand ! Deux brochets la semaine dernière, deux cette semaine ! On ne peut pas tout avoir !
Puis...un départ à l'ablette...et une perche de 300 grammes comme lot de consolation mais ma canne à vif n'était toujours pas à l'eau. Après tout, qu'est-ce que je risque ! Une perche de cette taille peut tenter un brochet, ne serait-ce que par l'antagonisme d'espèces !
Le problème, dans cette situation, c'est que le vif est si puissant qu' il n'est pas question de laisser le flotteur libre et qu'il convient de serrer un peu le frein. Tant pis, on se débrouille comme l'on peut en restant attentif pour faire la différence entre les "rushes" du vif et une éventuelle prise par un brochet.
Fin de journée perturbée par le vent et quelques averses : Rien, mais ma perche continue à gesticuler dans tous les sens et à me gratifier de violentes tirées. A chaque fois, je suis obligé de reprendre le fil qu'elle a réussi à sortir de la bobine. Celà fait bien une douzaine de fois qu'elle me fait le coup et, comme je suis prudent, j'attends qu'elle se calme puis je ramène très doucement ! On ne sait jamais !
Une tirée parmi d'autres ! J'attends puis je ramène doucement mais ça me paraît lourd, trop lourd. Aurait-elle ramassé un paquet d'herbes au passage ? Lorsque l'attelage arrive en vue, elle n'a pas ramassé d'herbe mais un brochet la tient par le travers...sans la lacher et sans avoir l'intention de le faire.
Ce n'est pas la première fois que celà m'arrive et qu'un gros bec se laisse tranquillement amener comme une planche. Je sais que dans ce cas, il n'a pas senti le fer de l'hameçon et qu'il n'est donc pas pris. Il reste à donner du fil pour qu'il reparte et trouve un coin tranquille pour se poser et retourner sa proie avant de l'avaler. Bingo, ça marche ! Il repart et je suis son déplacement à la tresse qui file vers le large jusqu'à ce qu'il s'arrête.
Là, c'est toujours le cas de conscience, au jugé : Attendre suffisamment pour qu'il retourne le vif mais pas trop pour qu'il ne l'avale pas, sinon, il faudra couper pour qu'il ait une petite chance de survie et cette petite chance-là, sincèrement, moi je n'y crois pas trop et je prends toujours le risque de ferrer trop tôt...Vous n'imaginez pas le nombre de loupés que j'accumule ainsi dans une saison, mais tant pis. Je ne m'en porte pas plus mal et le poisson s'en porte mieux !
Là, j'ai réussi mon coup. Je ferre et je sens que je le tiens. Quand il arrive en suface, je vois encore la perche en travers de la gueule mais il la recrache et reste pendu. Bingo !
Mon regret ? Que le temps sombre ne m'ait pas incité à mettre mon appareil photos en batterie parce qu'il me gratifie de deux splendides sauts que j'aurais aimé immortaliser.
Il faut faire vite pour décrocher, peser, mesurer avant de rendre ce poisson de 71 centimètres à son élément. J'ai renoncé depuis quelques temps à les poser sur un chiffon, ayant constaté que le mucus reste collé. Il vaut encore mieux les poser sur la terre humide.
Il ne reste qu'à le replacer dans l'épuisette immergée pour qu'il se réoxygène, à attendre qu'il reprenne sa position de nage et surtout à ce qu'il ne passe le fer que par ses propres moyens, preuve qu'il a retrouvé suffisamment de forces pour rester tranquille quelques jours afin de reprendre ses esprits.
A bientôt gentil brochet ! Je sais que je te retrouverai dans quelques temps. Peut-être l'année prochaine avec quelques centimètres de plus et beaucoup plus d'expérience !
Peut-être, alors, le temps sera-t-il moins sombre et mon modeste portable me donnera-t-il de meilleures photos ?